Pierre Desproges

[magic berber]

Après une rapide recherche, j'ai vu qu'il était cité dans plusieurs sujets sans en avoir un réellement à lui, ce qui est désolant pour un tel homme de talent. Globalement, Desproges était un type à l'humour tant cinglant que cynique, qui était très noir et très drôle. Il n'a pas fait qu'écrire des livres, bien au contraire : radio, scène quelquesfois, télévision (Mr Cyclopède et son encyclopédie), mais comme la plupart de ses interventions audio(-visuelles) ont été retranscrites en livre, je le case dans "lectures des Nourrices".
J'adore cet homme et son humour. Surtout sa manière de rire de tout, même de son propre cancer. Je vais peut-être m'attarder un petit peu plus sur son seul réel livre-roman écrit...
Le livre "des femmes qui tombent" est extrêmement bidon en lui-même. Ecrit par n'importe qui d'autre, il aurait était un flop monumental, et aucun éditeur aurait voulu de cette m****. Il faut dire que des femmes assassinées par des moustiques extra-terrestre, ca n'intéresse pas le grand public. Mais le style de Desproges rend ce livre sensationnel à mes yeux. Ses phrases alambiquées et remplies d'humour comme indiqué dans un autre sujet (ex: "Elle était moyenne avec intensité, plus commune qu'une fosse, et d'une banalité de nougat en plein Montélimart" . Bon j'avoue il faut aimer, mais peut-être mon exemple n'est-il pas super bien choisi) donnent un grand intérêt à ce livre.
Et que dire de ses spectacles...!

Quelqu'un connait, ou partage ma passion?
(au passage, je vous conseille son coffret 4 DVD avec l'indispensable encyclopédie de Mr Cyclopède, ses deux spectacles enregistrés, des documentaires,...etc).

[Burning Angel]

Quelqu'un connait, ou partage ma passion?

Pierre est mon berger, c'est lui qui m'a donné envie d'être comédien

En ce moment j'écoute les réquisitoires, c'est vraiment excellent, si seulement il était encore parmis nous ...

(au passage, je vous conseille son coffret 4 DVD avec l'indispensable encyclopédie de Mr Cyclopède, ses deux spectacles enregistrés, des documentaires,...etc).

J'savais pas que ça existait ... Je veuuuuux

Surtout sa manière de rire de tout, même de son propre cancer.

Oui, "Dieu pitié réveille pas mes métastases, fais pas le con réveille pas mes métastases !" ...

Pour moi il est au même niveau que Coluche, un grand homem qui a dénoncé les travers de sa société, c'est mon idole.

[cillbq]

Si ça peut intéresser quelqu'un, j'ai un beau PPS avec des citations de Desproges, ceux qui aimeraient que je leur envoie ce PPS, n'ont qu'à me faire un MP, en me laissant une adresse Email...

@+

[Max]

Bonjour ma colère, salut ma hargne, et mon courroux, coucou. Ah, Dieu me tripote, voir qu'il existe sur ce forum des êtres pensants dont la connaissance de Maître Pierre leur a permis de parcourir l'admirable roman "Des femmes qui tombent" me remplit de joie bien plus que la robe austère de la justice me permet de le manifester. Je suis un fanatique linguistique tombant d'admiration devant l'ardeur linguistique dont faisait preuve ce dernier maître de la plume que la France ait acceuilli, si bien que j'aurais tendance à le placer au dessus de Coluche (comme ça ? Non, comme ça. Ca, là...) que j'admire pourtant énormément. Ayant un bon paquet de réquisitoire, les deux tomes de la Haine ordinaire, Vivons heureux en attendant la mort, le manuel du savoir vivre à l'usage des rustres et des malpolis, les étrangers sont nuls, les deux spectacles, et bien sûr Des femmes qui tombent, je peux attester de ma passion pour Desproges.

Je ne résiste d'ailleurs pas à l'envie de vous caser quelques extraits ayant particulièrement retenu mon attention.

Marro cultivait, même au plus profond de ses cuites, une passion maladive pour la langue. Il avait le respect démodé du mot juste et vénérait Vaugelas en pleine ère vidéo. Cet homme aux dehors ursidés était capable de tomber amoureux pour un subjonctif bienvenu derrière un verbe étrange et lancé d'une bouche anodine dont les lèvres lui semblaient alors écartées pour d'inestimables luxures. Par voie de conséquence, il affichait un mépris tonitruant pour le triomphalisme pédant de la médiocrité culturelle en marche, dont la dégénérescence du langage était le plus beau fleuron.

Jacques se prit à aimer cet homme archaïque dont l'ardeur linguistique donquichottesque lui paraissait poétique à force de désuétude. Au bord de la guerre des étoiles et de la mort à neutrons, il lui semblait émouvant qu'un homme encore fût prêt à prendre les armes pour défendre un accord de syntaxe.

[...] cette petite chose insignifiante qui s'accrochait à la vie, comme si c'était important

Premièrement, peut-on rire de tout ?

Deuxièmement, peut-on rire avec tout le monde ?

A la première question, je répondrai oui sans hésiter, et je répondrai même oui, sans les avoir consultés, pour mes coreligionnaires en subversions radiophoniques, Luis Rego et Claude Villers.

S'il est vrai que l'humour est la politesse du désespoir, s'il est vrai que le rire, sacrilège blasphématoire que les bigots de toutes les chapelles taxent de vulgarité et de mauvais goût, s'il est vrai que ce rire-là peut parfois désacraliser la bêtise, exorciser les chagrins véritables et fustiger les angoisses mortelles, alors, oui, on peut rire de tout, on doit rire de tout. De la guerre, de la misère et de la mort. Au reste, est-ce qu'elle se gêne, elle, la mort, pour se rire de nous ? Est-ce qu'elle ne pratique pas l'humour noir, elle, la mort ? Regardons s'agiter ces malheureux dans les usines, regardons gigoter ces hommes puissants boursouflés de leur importance, qui vivent à cent à l'heure. Ils se battent, ils courent, ils caracolent derrière leur vie, et tout d'un coup, ça s'arrête, sans plus de raison que ça n'avait commencé et, le militant de base, le pompeux PDG, la princesse d'opérette, l'enfant qui jouait à la marelle dans les caniveaux de Beyrouth, toi aussi à qui je pense et qui a cru en Dieu jusqu'au bout de ton cancer, tous, nous sommes fauchés, un jour, par le croche-pied de la mort imbécile et les droits de l'homme s'effacent devant les droits de l'asticot. Alors, qu'elle autre échappatoire que le rire, sinon le suicide ? Poil aux rides ?

Donc, on peut rire de tout, y compris de valeurs sacrées, comme par exemple, le grand amour que vit actuellement le petit roi inamovible de la défense passive, ici présent. Elle s'appelle Marika, c'est la seule aryenne qu monde qui peut le supporter, ce qu'on comprendra aisément quand on saura qu'il s'agit de la poupée gonflable et peau de morue suédoise que sa tata Rodriguez lui a envoyé de Lisbonne en paquet fado.

Deuxième question : peut-on rire avec tout le monde ?

C'est dur… Personnellement, il m'arrive de renâcler à l'idée d'inciter mes zygomatiques à la tétanisation crispée. C'est quelquefois au-dessus de mes forces, dans certains environnements humains : la compagnie d'un stalinien pratiquant me met rarement en joie. Près d'un terroriste hystérique, je pouffe à peine et, la présence, à mes côtés, d'un militant d'extrême droite assombrit couramment la jovialité monacale de cette mine réjouie dont je déplore en passant, mesdames et messieurs les jurés, de vous imposer quotidiennement la présence inopportune au-dessus de la robe austère de la justice sous laquelle je ne vous raconte pas.

Marguerite Duras n'a pas écrit que des conneries. Non. Elle en a filmé aussi.

Zeugma
Procédé qui consiste à rattacher grammaticalement plusieurs noms à un adjectif ou à un verbe qui, logiquement, ne se rapporte qu'à l'un des noms.
Exemples de zeugma :

* En achevant ces mots, Damoclès tira de sa poitrine un soupir et de sa redingote une enveloppe jaune et salie. André Gide.
* Prenant son courage à deux mains et sa Winchester dans l'autre, John Kennedy se tira une balle dans la bouche. Richard Nixon, J'ai tout vu, j'y étais
* Plus périlleux, le double zeugma : Après avoir sauté sa belle-soeur et le repas du midi, le Petit Prince reprit enfin ses esprits et une banane. Saint-Exupéry, ça creuse

[ch'ti vador]

pour les fans de l'humour noir, et j'en suis, cet humoriste est extraordinaire...je connais surtout ses sketches et j'adore sa manière ironiquement pompeuse de s'exprimer, en créant des phrases d'une longueur infernale mais dont l'intitulé fait réfléchir, tant ces phrases contiennent de sous entendus et autres jeux de mots...
j'adore!

[le dahaka]

magnifique max^^

ça c'est du fan.
Idem, j'ai tout de suite craqué pour ce monsieur. Car s'en est un, et un grand.

Il manque et il manque de gens comme lui. Je crois que Brassens et lui sont les deux hommes à l'origine de mon amour pour les lettres.