La Cathédrale abymée par son Concepteur?

Comme dans les romans de Jacques Nemrod, BW mentionne plusieurs fois la structure en cathédrale de son oeuvre. Pour parler des liens entre les livres c'est donc ici!

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LION
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La Cathédrale abymée par son Concepteur?

Message par LION »

Pensez vous que toute l'Oeuvre de Werber puisse être considérée comme une gigantesque et machiavélique MISE EN ABYME ?

Je pense que ceux qui ont lu mes topics "c'est écrit" et autres auront compris que pour moi la réponse est évidemment et sublimement OUI.
Mais j'aimerais avoir l'opinion d'autres fourmis sur ce sujet.

Je recopie quand même l'article "Mise en Abyme" de Wikipédia pour éclairer mes propos, en vous encourageant à le lire jusqu'au bout (on y parle même d'un certain Bernard Werber..) :

La mise en abyme (on écrit aussi : mise en abîme) est un procédé consistant à incruster une image en elle-même — ou, d'une manière générale, à représenter une œuvre dans une œuvre de même type. On y retrouve le type d'autosimilarité qui constitue également le principe des fractales ou de la récursivité en mathématiques.
En héraldique, l'abyme (ou abîme) est la partie centrale de l'écu (support matériel du blason). Ainsi, lorsqu'un écu est représenté à l'intérieur de l'écu principal (vraisemblablement dans la partie centrale), on dit qu'il est "mis en abyme". On peut voir un exemple de ce procédé sur les armes du duc de Bourgogne Jean sans Peur.
L'expression utilisée dans le sens sémiologique remonte à André Gide, lequel note dans son Journal en 1893 :
« J'aime assez qu'en une œuvre d'art on retrouve ainsi transposé, à l'échelle des personnages, le sujet même de cette œuvre par comparaison avec ce procédé du blason qui consiste, dans le premier, à mettre le second en abyme. »
Peut-être Gide fait-il aussi référence au genre poétique du blason, en vogue au XVIe siècle, dans lequel l'auteur fait une description détaillée d'une personne ou d'un objet.
L'orthographe évoquée dans le paragraphe précédant est sujette à caution, on peut en effet lire dans Le bon Usage de Maurice Grévisse: Les théoriciens de la littérature ont ressuscité la vieille graphie abyme avec "y", spécialement dans la formule "mise en abyme", procédé littéraire évoquant le jeu des miroirs. Mais certains estiment que, même dans ce sens, la graphie ordinaire peut convenir: Qui sait si le but d'un tel jeu de miroirs n'est pas de nous donner, par cette réflexion EN ABÎME de Hegel sur Genet, de Genet sur Hegel, le vertige de l'indéfini ? (Chr. Delacampagne, in Le Monde, 3 janvier 1975).
• En littérature, procédé consistant à placer à l'intérieur du récit principal un récit qui reprend de façon plus ou moins fidèle des actions ou des thèmes du récit principal, comme dans la pièce Hamlet (voir exemples ci-dessous). Il ne faut pas confondre la mise en abyme avec le récit enchâssé, qui consiste à faire raconter par le personnage d'un récit un autre récit, dans lequel peut apparaître un personnage qui en racontera encore un autre, comme dans les Mille et une nuits.
• En arts graphiques, Les époux Arnolfini (Jan van Eyck, 1434, 82 × 60 cm, peinture sur bois, National Gallery, Londres) est un exemple fameux dans lequel un miroir convexe reflète l'ensemble de la scène (y compris le miroir lui-même, et ainsi de suite…). On peut également citer l'exemple mieux connu du dessin de la boîte de fromage en portions « La Vache qui rit » (La vache porte des boucles d'oreilles qui elles-mêmes sont des boîtes de Vache qui rit, etc.)
• Dans certaines œuvres de théâtre et de cinéma, un comédien joue le rôle d'un comédien qui joue un rôle… (procédé appelé communément « théâtre dans le théâtre »)
La mise en abyme est un procédé artistique — ou de réflexion intellectuelle — qui entraîne souvent une sensation de vertige.
Ce procédé permet de créer du trouble dans la convention narrative. Le procédé permet de donner le tournis au lecteur ou à l'auditeur qui rapidement ne sait plus qui parle : l'auteur, Shéhérazade, un personnage ? Ici, il s'agit de redoubler le trouble du roi qui oublie de se débarrasser de Shéhérazade.
Dans Les Ménines de Diego Vélasquez le procédé est utilisé de façon paradoxale parce qu'on ne voit pas réellement le tableau qu'il est en train de peindre, ce qui ajoute au trouble : quel est l'objet de ce tableau, le geste du peintre (qu'on ne voit pas peindre mais regarder), l'infante à ses côtés ou encore ce que regarde le peintre et qu'on aperçoit à peine dans le miroir (le roi et la reine), le tableau retourné ?
Elle peut également jouer le rôle de clin d'œil inséré par l'auteur, ou lui permettre d'engager, sur le mode de l'humour (autodérision), une critique sur sa propre œuvre, voire sur le genre auquel elle appartient.
Frédéric Beigbeder et Milan Kundera sont deux auteurs qui ont l'habitude d'utiliser la mise en abyme pour apporter une réflexion sur leur œuvre que les protagonistes eux-mêmes ne pourraient avoir, puisqu'ils sont prisonniers, trop occupés par ce qui leur arrive.

• image de La vache qui rit : ses boucles d'oreille sont fractales ;
• étiquette de l'apéritif Dubonnet du chat qui entoure la bouteille avec une étiquette ;
• les images ci-contre ;
• l'affiche du film Memento (image) ;
• Dans Le pouvoir des fables, La Fontaine fait l'éloge de ce genre qu'est la fable en introduisant dans son texte une deuxième fable.
• Dans le roman Le Tunnel d'Ernesto Sabato, le peintre a recours à une méthode de mise en abyme dans une de ses peintures. En effet, une fenêtre à l'intérieur du tableau révèle une autre scène, cachée. Celle-ci contient le véritable message de l'œuvre, alors que tout le reste n'est qu'une parure afin de tromper les moins éclairés ;
• Dans son roman Stéphanie Phanistée, Frédérick Tristan met en scène la même femme lors de récits emboités les uns dans les autres.
• la série télévisée Stargate SG-1 s'auto-parodie en intégrant dans l'intrigue de plusieurs épisodes une série de médiocre qualité intitulée Wormhole X-Treme! (ce n'est cependant que l'exemple le plus frappant, les scénaristes étant coutumiers de ce type d'allusions) ;
• le film Scream 2 parodie le premier opus de la trilogie, Scream sous la forme d'un film de série B : Stab ;
• dans certaines séries télévisées, il arrive que les personnages écoutent ou chantent la musique du générique (dans Les Simpson par exemple :
Homer : Bart ! arrêtes de siffler cette chanson debile !)
• ce petit dialogue :
— Où vas-tu ?
— Au cinéma.
— Qu'est-ce que tu vas voir ?
— Quo vadis ?
— Qu'est-ce que ça veut dire ?
— « Où vas-tu ? »
— Au cinéma…
• La tragédie Hamlet de Shakespeare : à l'intérieur de la pièce se joue une pièce de théâtre qui dénoncera l'adultère et le meurtre du père d'Hamlet
• Six personnages en quête d'auteur de Luigi Pirandello, une pièce théâtrale où les personnages vivent et rencontrent "leurs acteurs", qui devront jouer ces personnages, etc.
• un roman parlant d'un romancier en train d'écrire un livre (exemples : Je suis écrivain ou Trois jours chez ma mère de François Weyergans) ;
• un roman dont le sujet principal est le-dit roman :
o Les Fruits d'or de Nathalie Sarraute,
o Les Faux-Monnayeurs d'André Gide ,
o L'histoire sans fin, de Michael Ende,
o Un aller simple, de Didier Van Cauwelaert;
o Trois jours chez ma mère, de François Weyergans;
o Un cabinet d'amateur, de Georges Perec;
o Noblesse oblige. Condamné pour le seul crime qu'il n'a pas commis, un gentilhomme décrit dans sa cellule ses véritables crimes, et ... y oublie son manuscrit lors de sa libération.
o L'Empire des anges. Dans ce livre de Bernard Werber, on fait référence au livre Les Thanatonautes, qui existe réellement et qui précède L'empire des anges.
• un film montrant la réalisation d'un film :
o The Player de Robert Altman,
o La Nuit américaine de François Truffaut,
o Sex is comedy de Catherine Breillat ;
o Certains opus de la série "Freddy";
• un tableau représentant un peintre en train de peindre ou un autre tableau dans un environnement (Les Ménines de Diego Vélasquez) ;
• la pochette de l'album de Pink Floyd, Ummagumma (image);
• la couverture de la bande dessinée Vous n'avez pas honte ? de Dany (image)
• (en) The Infinite Cat Project : des chats qui regardent des chats qui regardent des chats...
• le jeu sur PC Wing commander (simulateur de vol avec batailles) comporte lui-même dans la salle des pilotes un simulateur de vol sur lequel les pilotes peuvent s'entraîner à piloter leurs appareils ;
• les poupées russes ;
• plusieurs miroirs disposés les uns en face des autres (galerie des glaces) ;
• une caméra braquée sur son moniteur vidéo ;
• les acronymes récursifs, procédé répandu dans le monde du logiciel libre : la licence GNU signifiant « GNU is Not Unix », PHP pour « PHP Hypertext Preprocessor »... ;
• faire un rêve dans lequel on rêve ;
• dans le film Nous étions libre l'héroïne Gildas, jouée par Charlize Théron, joue un rôle dans un peplum que l'on aperçoit au cinéma ;
• l'article Wikipédia dans Wikipédia ;
• Dans L'Être et le Néant, Jean-Paul Sartre nous entretient un temps sur la capacité que possède l'être humain d'être conscient de son existence, puis sur la possibilité d'être conscient que l'on est conscient. Il nous prévient ensuite qu'il est préférable de s'arrêter à ce niveau de conscience pour toute étude philospohique, puisque tout niveau supérieur (i,e: la conscience d'être conscient d'être conscient), nous éloigne en quelque sorte de l'étude de la conscience elle-même.
• Sur l'album A Fever You Can't Sweat Out, dans une des premières chansons de l'album, le chanteur dit "Can't you see? I'm the narrator and this is just a prologue." (Ne voyez-vous pas que je suis le narrateur et que ceci n'est que le prologue?)
• etc.
tygwo
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Message par tygwo »

ca me parait possible surtout que bernard werber site plusieurs fois les fractales (dans ses livres ou sur son site.)
When you dream there are no rules.
People can fly, anything can happen.
Sometimes there is a moment as you are awakening when you become aware of the real world around you,
But you are still dreaming.
LION
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Message par LION »

Une "mise en abyme" que je découvre à la lecture de la "Révolution des Fourmis", c'est justement la chanson "phare" du groupe de rock Blanche-Neige et les 7 Nains (rebaptisé les Fourmis) qui partage son titre avec le roman.

Je vous rappelle les paroles principales :
(chapitre 77 : "Premier Envol")

"RIEN de nouveau sous le soleil
Nous regardons toujours le même monde de la même manière
Nous sommes pris dans la spirale de l'escalier d'un phare
Nous recommençons sans cesse les même erreurs,
Mais vues d'un étage plus haut
Il est temps de changer de monde
Il est temps de changer de ronde
Ceci n'est pas une FIN
Bien au contraire ce n'est qu'un DEBUT"

On notera la référence au roman lui même (qui commence par le mot FIN et finit par le mot DEBUT : l'effet Papillon des Etoiles?). D'ailleurs tout le concert reprend pratiquement dans l'ordre les "passages" de l'ESRA cités (et transformés en chanson par Julie & Co)..
Mais c'est aussi selon moi une mise en abyme du cycle des Dieux (et des Thanathonautes). Rappelons nous que le premier mot de Nous Les Dieux est "Rien". Et je vois dans ce couplet une image du jeu d'Y. Tiens, je vais aller poster dans le topic Jeu d'Y que si on met un Y dans un cercle, ça nous donne non seulement en partie le dessin de la couverture de la révolution des Fourmis mais aussi peut être une vue plongeante (en coupe) sur un escalier en colimaçon (la spirale de l'escalier d'un phare)..

Cette chanson apparaissait déjà (phase de conception) au chapitre 64 "Une Chanson" de la révolution des Fourmis, où l'on nous donne 2 autres couplets d'où celui ci =

"FIN, ceci est la fin
Ouvrons tous nos sens
Un vent nouveau SOUFFLE ce matin
RIEN ne pourra ralentir sa folle danse
Mille métamorphoses s'opèreront dans ce monde endormi
Il n'est pas besoin de violence pour briser les valeurs figées
Soyez surpris : nous réalisons simplement la Révolution des Fourmis"

Je n'ai pas lu le Souffle des Dieux pour pouvoir dire s'il s'agit encore de la même chanson, mais je trouve significatif que ce chapitre arrive juste avant un passage de l'ESRA (chapitre 65) qui nous explique la construction musicale appelée "Le CANON"..
"Le canon est bâti autour d'un thème unique dont les interprètes explorent toutes les facettes en le confrontant à lui-même..
Pour que l'ensemble fonctionne, chaque note a 3 rôles à jouer :
1- tisser la mélodie de base
2- ajouter un accompagnement à la mélodie de base
3- ajouter un accompagnement à l'accompagnement et à la mélodie de base
Il s'agit donc d'une construction à 3 niveaux dans laquelle chaque élément est selon son emplacement à la fois vedette, second rôle et figurant.."

Je dirais bien que la Révolution des Fourmis est une oeuvre "canon" à 3 interprètes qui reflètent les 3 fourmis du dessin de couverture = la vraie fourmi 103eme, la chanteuse des Fourmis Julie Pinson, et le policier qui fait "un travail de fourmis" Maximilien Linard, dont les aventures s'entrecroisent de maniére paralèle au fil du récit..

Mais en fait c'est je pense surtout l'ensemble de l'oeuvre de Werber (la Cathédrale) qu'il faut considérer comme un "CANON".

(suite de la définition de l'ESRA) =
"On peut sophistiquer le canon sans ajouter une note, simplement en modifiant les HAUTEURS (un couplet dans l'octave au dessus, un couplet dans l'octave en dessous). On peut compliquer d'avantage encore ce canon en agissant sur la rapidité du chant.."

Werber, un maitre chanteur?
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